Je pars pour la deuxième fois en Egypte, en compagnie de Julien qui après un concours passé à Nice, me rejoint à Roissy.
Le vol se déroule normalement, Le repas n'est pas bon, normal... Je fais semblant de lire un journal égyptien, les lettres de l'alphabet arabe, ou cairote, je ne sais pas, sont très belles; des oeuvres d'art .
Tacot en arrivant au Caire. ( c'est ainsi que l'on appelle les taxis là-bas ).
Julien a palabré pour le tarif, il sait bien faire ça...
Nous arrivons chez lui et dodo tout de suite.
Il part au lycée tôt le matin, je prends mon petit déjeuner sur la terrasse, la chaleur n'est pas de mise en cette saison.
Tournoi de volley entre les lycées français et allemand, repas avec le chargé de sécurité de l'ambassade avec lequel Julien s'est lié d'amitié et un collègue prof d'allemand.
Le week-end arrive, jeudi soir. Le dimanche des musulmans est le vendredi...
Ce vendredi nous allons au club où les européens s'inscrivent à l'année pour faire du sport, manger, prendre l'air. C'est un des rares endroits du Caire où il y a de la verdure, des arbres.
Je regarde une partie de tennis que Julien dispute avec un ami. Il est 17 heures, un frisson, la température baisse, J'enfile mon anorak, même la capuche. Ils sont étonnés quand je leur dis que j'ai froid.
Nous rentrons, mon fils a acheté un fauteuil roulant dans lequel il peut me promener. Je suis nettement moins valide qu'à mon premier séjour. Le fauteuil n'est pas de première jeunesse, il n'a qu'une palette où j'empile mes pieds.
Pas grave, pour là-bas, ce n'est pas si mal.
Après dîner nous regardons un match de foot, c'est la coupe inter-africaine. Jul a pris un abonnement avec des collègues pour assister en direct aux matchs auxquels l'Egypte participe. Ce " chauvinisme " m'amuse.
Il m'emmènera voir la finale si l'Egypte arrive en finale de la Cane...
Je me lève plusieurs fois dans la nuit, je ne me sens pas bien du tout, je me vide, je suis frigorifiée, je tremble.
Voila, j'ai attrapé la tourista ! Pourtant, même pour me brosser les dents je prends de l'eau en bouteille.
Au matin, mon fils voit bien que je ne vais pas bien du tout. Il me propose de rester avec moi, cela m'embête de lui faire rater ses cours, j'hésite entre deux vomissements et autres...
Lui prend la décision de rester. Il prévient son établissement de son absence.
Il me gavera jusqu'à midi de médicaments, je ne retiens rien, je suis de plus en plus faible.
Branle-bas de combat, à partir de ce moment je ne me souviendrai que partiellement des évènements.
Je raconte donc avec ce que m'ont dit ceux qui ont participé à mon sauvetage.
Un médecin égyptien vient, décide de m'emmener dans sa " clinique ".
Là, il m'installe sur un lit qui n'est pas un lit mais une planche étroite et dure et me perfuse.
Le choix qu'il a donné est le suivant : 1) l'hôpital d'où je sortirai plusieurs jours plus tard, 2) sa clinique d'où je sortirai le soir même, guérie.
Discutant avec ses amis appelés pour l'aider à me transporter et choisir le " bon "docteur, il choisit la clinique.
Je suis dans les vaps, je me tords en tous sens. Cela va de plus en plus mal.
Une demi-heure après, le médecin cairote ne blague plus, il a appelé une ambulance : direction l'hôpital.
L'ambulance est une superbe mercédès toute neuve, cadeau de l'Allemagne à l'Egypte dont les deux
" ambulanciers " ne connaissent absolument pas le fonctionnement, ils me feront presque tomber en voulant rentrer le brancard dans l'auto. Julien bout d'impatience, il connaît bien ce type de matériel puisqu'il est sauveteur et formateur de secouristes. De plus, il a travaillé chez un ambulancier étant étudiant.
Il ne dit rien, ce n'est pas un pays où un occidental peut montrer qu'il sait mieux pratiquer que les autochtones.
Arrivés aux urgences de " Ar-Salam International Hospital " (c'est celui où les européens se font soigner, eux, leur famille en visite, les élèves des lycées ), un des tous premiers sur la liste de la trentaine d'hôpitaux au Caire.
Les américains ont le leur bien évidemment.
L'urgentiste m'examine, ( ça je ne m'en souviens pas du tout, genre prècomateuse ) puis, prenant mon fils par le poignet, l'entraîne... à la comptabilité ! Si Julien paie illico en dollars ou en euros une somme colossale, il me fera hospitaliser, sinon, il me rejette à la rue !
Julien paie avec sa carte, priant que la somme soit bien dessus, ouf ! ça marche.
Je me retrouve dans une chambre, sur un lit planche, la climatisation que la surveillante essaie de mettre en route, il fait froid, recrache des nuages de fumée noire. Il faut me ressortir de la chambre pour ouvrir la fenêtre et aérer. C'est un jour de grande pollution et l'air devant la fenêtre ne vaut guère mieux que celui de la chambre.
On me recouche, abandonnant l'idée de la clim... La surveillante apporte un radiateur électrique : les fils sont à nu, il ne faut surtout pas y toucher : danger de mort !
Les couvertures en laine qui, neuves, devaient être très confortables, ont un aspect cartonné-feutré peu agréable.
Il en faudra plusieurs pour recouvrir la surface du lit.
La potence est bancale, il lui manque un pied. Julien doit bricoler, sinon, il faut la tenir pour ne pas qu'elle tombe, la perfusion avec.
La suite demain, cela n'est pas un bon souvenir.