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15 novembre 2008 6 15 /11 /novembre /2008 00:00

Il fallait s'en douter, nous ne restâmes pas très longtemps dans la perception...

Nous atterrîmes à Chateauneuf en Thymerais.

Dans un premier temps ce fut un pavillon de la cité américaine.

En 1949, l'OTAN, la politique de l'atlantique nord vit arriver des américains qu'il fallut loger.
Ce fut dans des cités, baptisées avec imagination : américaines !

Les villages qui accueillirent ces cités se frottaient les mains ! Le commerce allait se développer... Déception, les américains, très organisés et terrorisés par les microbes, installèrent en même temps que leurs cités des " shapes " où ils trouvaient tout ce qu'ils mangeaient, arrivant de chez eux où des Pays Bas pour les laitages...

Le seul commerce qui fonctionna fut la boite de nuit...

Je débarquai la première avec mon neveu, bébé et malade.
Pour lui éviter les courants d'air du déménagement mes parents nous installèrent un campement..

Je m'ennuyai comme un rat mort dans cette maison vide, peinte du sol au plafond en vert par des ricains qui, s'ennuyant eux aussi mais pas pour les mêmes raisons, avaient joué du pinceau pendant leurs heures creuses.

Nous eûment des voisins pieds-noirs, archétypes du pied-noir. Au moins trois générations, gentils, serviables, le verbe haut et très, mais très envahissants. Nous n'osions aller dans le jardin car systématiquement on se faisait alpaguer et ça durait des heures.
Je dois dire que leur couscous était parfait.

Mes parents déménagèrent encore, changeant de rue !

Il fallait un habitat plus une pièce bureau-vitrine. Ce qui fut trouvé et aménagé au centre du village.

A côté de ce nouveau logis se trouvait une mercerie à l'ancienne, j'adorais. Des tiroirs plein les murs, des petits, des grands. Nous pouvions acheter à l'unité bouton, agrafe, pression etc... Une caverne   ! 
 
La dame qui se tenait derrière le comptoir en bois était  un personnage de Béatrix Potter, Lewis Caroll.

C'est de là que je partis pour les Saintes Maries de la Mer, emmenant mon neveu à ses parents qui allaient travailler toute la saison en hôtellerie restauration dans la famille de ma belle-soeur.

J' étais revenue un soir du collège en disant que je ne voulais plus y aller. Ni une ni deux, le lendemain je me retrouvai avec le petit dans un train en partance pour Arles où mon frère devait nous récupérer.

Mes parents n'avaient jamais lu de manuels expliquant comment être parents d' ado...

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14 novembre 2008 5 14 /11 /novembre /2008 00:00
Je me retrouve aux Saintes Maries de la mer, nounou de mon neveu.

Nous sommes logés dans la maison des parents de sa mère. Une maison neuve, quelque part dans un quartier derrière l'église. Froide, peu meublée, c'est juste un lieu où viennent dormir mon frère, sa femme, les parents de celle-ci, son frère, mécano.

C'est un endroit qui ne me plaît pas mais comme nous allons déjeuner  et dîner dans le restaurant où travaille mon frère et ma belle-soeur cela coupe bien la journée. La plage après le sieste, finalement la journée s'écoule assez vite.

Le torchon brûle entre les parents du petit. Je me souviens d'une scène qui m'a marqué : elle arrive alors que nous nous apprêtons à déjeuner, elle a un paquet cadeau dans les mains et le balance à la tête de son mari en disant d'un ton très coléreux : " tiens, un cadeau "... Il l'ouvre en souriant, ce sont plusieurs maillots " chaussettes " de toutes les couleurs, à la mode cet été là.

J'ai de l'affection pour ma belle-soeur, elle est toute en accent du sud, toujours en effervescence, sensible, soupe au lait, elle aime mon frère, la réciproque n'est peut-être pas à la hauteur.

Il y aurait beaucoup à dire sur cette famille élargie mais là n'est pas mon propos.

Elle finira par ne plus supporter ce qu'elle vit et part, emmenant son fils.

Je me retrouve sans raison d'être là, je n'ai pas du tout envie de rentrer chez mes parents.

Finalement la place de ma belle-soeur me sera proposée... Avec abattement de salaire du à mon âge... et bien plus de tâches à accomplir ! Qu'importe, j'accepte.

Je serai logée dans la chambre de la fille ( 4/5 ans) de mon patron avec comme obligation de l'emmener à la plage pendant ma pause d'après-midi !

Non seulement je tiens le bar de l'hôtel, je sers en terrasse, j'alimente en boissons le restaurant, le bar. C'est pénible à faire car ce qui sert de cave est d'accessibilité très difficile : des tuyaux en bas et en haut, ce qui fait que je dois passer avec les caisses de bouteilles pliée en deux.

Je dois aussi, le matin, quand j'ai le temps, aider à l'épluchage en cuisine. Bref, l'esclavage n'est pas un vain mot pour décrire mon poste de travail !

Mon salaire est ridicule, j'apprendrai assez vite à arrondir mes fins de mois, avec les fournisseurs entre autres.

Non seulement je travaille comme un âne mais je sors le soir avec les autres employés hôtellerie-restauration du village. C'est de fait une habitude de saisonnier et je m'y plie avec plaisir.

C'est nécessaire pour souffler, Nous avons tous des "esclavagistes " comme employeurs. 

Cela nous laisse peu d'heures pour dormir...

Notre jeunesse nous permet cela !
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26 octobre 2008 7 26 /10 /octobre /2008 00:00
Une chaude soirée d'été.

Pour la première fois de ma vie, je fus invitée à une boum.

C'était un évènement merveilleux, j'avais entendu parler des boums, mais n’y étais jamais allée.

Soit parce que mes parents déménageaient souvent : six fois entre mes six et quinze ans, soit parce que j'étais à l'hôpital ou centre de rééducation, ou maison de repos : sept longs séjours entre mes treize et dix-sept ans.

Pas vraiment moyen de se faire des copains, des copines. Difficile de se créer des liens.

Je me rendis chez les amis où la fête se déroulait.
Je me pomponnai légèrement, j'apportai plein de petits cakes cuits l'après-midi.

Je m'amusai comme je l'avais rarement fait avec des jeunes de mon âge : je parlai, dansai, riai.
C'était merveilleux.

Je n'aurai jamais imaginé que je puisse danser.
Personne ne pouvait vouloir danser avec une fille bancale, pour moi ce n'était même pas triste de penser cela !

C'était comme ça.

Ma mère m'avait tellement dit que je ne pourrais pas me marier, pas avoir d'enfant, pas, pas, pas...

Je l'avais maintes fois entendue raconter qu'une enfant "comme moi" n'avait pas d'avenir bien gai.
Son discours était rodé.

Au mieux, je pourrais enseigner le piano dans une petite ville de province.

Cette boum fut une entorse à ses projets pour moi. Ça me faisait plaisir de penser qu'elle s'était au moins trompée un peu, pour le reste, j'étais décidée à ne pas confirmer son horoscope peu enthousiasmant à mon égard.

Ce soir-là, je découvris qu'il existait autre chose, qu'être adolescente était autrement plus gai que ce que je vivais.

À minuit et demi, les parents des deux frères chez qui se déroulait la boum (je me gargarisai avec ce mot) pointèrent leur nez et nous dirent très gentiment qu'il était l'heure, il fallait que nous rentrions.

On se quitta en se faisant la bise, "à bientôt, à bientôt".

Sur le chemin qui me ramènait chez mes parents je chantonnai, j'esquissai des pas de danse, je volai dans ma tête, heureuse, légère, je me sentis presque belle, presque normale.

J'arrivai, devant la maison deux jeunes hommes faisaient les cent pas, l'un celui que j'avais sorti de l'eau aux Saintes-Maries-de-la-Mer me prit dans ses bras, il pleurait presque.

Ma joie s'envola, je ne voulus pas les faire entrer, il insistait, il m'ennuyait, me gènait, m'exaspèrait...

Mais qu'ils s'en aillent ! Vite, avant que mes parents ne reviennent de leur soirée.

Pas de chance, ils arrivèrent, ma mère les fit entrer. 
Prise au piège...

Une fois encore ma vie prit un virage, avec lequel je n'étais  pas d'accord, on ne m'écouta pas.

Ils savaient mieux que moi ce qui me convenait, ce que je devais penser et faire.

D'après ma mère, j'étais une ingrate de ne pas voir la chance que j'avais.
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25 octobre 2008 6 25 /10 /octobre /2008 00:00
Lorsque mes parents arrivèrent de leur soirée et nous virent devant la porte, moi et deux jeunes gens, ma mère insista pour qu'ils entrent.

Présentations faites et collation servie (1h du matin !), elle les invita pour déjeuner le lendemain.

Ils allèrent dormir à Dreux, 20km de chez mes parents.

La fin de la nuit fut un cauchemar.
Cette femme, ma mère, ne voulut rien entendre de mes réflexions, envies, refus de m'engager à mon âge.

Elle était très forte quand elle avait décidé une chose.

Elle me broya, me passa à la moulinette de ses certitudes, me vida de toute rébellion, de tout.

À la fin de cette nuit d'horreur, j'étais exsangue, l'ombre de moi-même.

Je m'écroulai dans un sommeil peuplé de monstres, d'écartèlements, de tremblements de terre.

Midi tapant, ils étaient là... Des fleurs pour ma mère, je ne comptais pas, pour du beurre comme disaient les filles à l'école quand elles acceptaient de jouer avec moi...

De toute façon, les jeux étaient faits, j'avais perdu, inexorablement.

Je ne sais même pas ce qui se dit, mon assiette restait pleine, rien ne m'intéressait, je ne participais à rien.

Mon père était parti travailler, et autour de la table, le travail de sape continuait, auprès de "cette jeune fille qui ne se rendait pas compte du bonheur qui l'attendait".
J'étais morte en dedans.

Ma mère, rayonnante, savourait la manière avec laquelle, une fois de plus, elle se débarrassait de moi.

Ils eurent droit aux photos, aux histoires intimes qui n'appartenaient qu'à moi...

La honte, le désespoir, la rage me submergeaient.

Je me noyai, à mon tour, et personne n'était là pour me tendre la main.
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