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30 décembre 2008 2 30 /12 /décembre /2008 00:00
Retours au pluriel, car ils furent rapatriés en France dans deux convois différents.

Mon père partit en premier et arriva presque directement à Paris.

Ma mère et mon frère, rapatriés dans un convoi de femmes et de malades mirent des semaines à arriver.

De longs arrêts sans cesse répétés dans des lieux en rase campagne, des marches arrières.

Un ravitaillement rare et peu conséquent, des morts tout du long : dysenterie, tuberculose, trop grande faiblesse, la fin de l'enfer, juste trop tard.

L'essentiel de la nourriture pour mon frère, âgé de 10, 11 mois : le lait très peu riche de ma mère, du pain de mauvaise qualité, de l'eau.

Lorsque le convoi était stoppé près d'un village, des gens venaient porter des denrées, peu.

Ce ne fut pas le seul convoi qui revint longtemps après la libération.

Pendant ce temps, mon père cherchait sans arrêt, jour après jour, sa compagne et son fils.

Il était hébergé chez sa mère. Celle-ci n'avait pas manqué de grand-chose pendant ces longues années noires. Elle était linotypiste aux Chemins de fer de l'Ouest et achetait au marché noir...

Elle était furieuse que son fils unique soit pourvu d'une femme et d'un enfant.

Elle l'avait prévenu que l'enfant serait accepté, la femme, certainement pas.

C'est, je ne sais pas comment, (une adresse laissée par mon père, très certainement) ma mère qui le retrouva.

La concierge de cet immeuble, rue Condorcet, dans le 9e, monta annoncer ces deux arrivées.

Mon père prit son fils dans les bras, demandant à ma mère de patienter et remonta chez sa mère.

Ma mère s'évanouit devant la loge.

Lorsqu'il redescendit, un moment plus tard, mon père ne trouva personne.

La concierge avait prévenu les pompiers qui avaient emmené cette femme évanouie dans un hôpital sans visiblement se poser de questions.

Pourquoi la concierge avait-elle agi ainsi ?


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commentaires

J
Ah...et est ce que ça aurait changé la donne pour autant ?<br /> <br /> Voilà comment je vois la ligne de vie :<br /> <br /> Il y a le point de départ (naissance) et le point final (grand départ). Et tout ça reste bien mystérieux pour nous Terriens.<br /> Entre ces deux paramètres, il y a des points déterminés, par lesquels le passage est obligé, qui qu'on soit, quoi qu'on fasse. Il faudra "vivre" ces points (évènements).<br /> <br /> Entre ceux ci ? <br /> Eh bien en fonction de très nombreux éléments tels l'intelligence, le tempérament, le pays où on est né, le niveau de vie de la famille, la qualité des parents, les options prises quant à l'éducation, la culture, le patrimoine chance, etc...le parcours sera plus ou moins agréable.<br /> <br /> Et vous, vous voyez ça comment ?
Répondre
J
Mécanisme de défense...(la fuite)
Répondre
B
<br /> Si seulement nous avions pu le savoir et surtout le comprendre.<br /> <br /> <br />
J
Quant au comportement des gens, il faut aussi (et surtout peut être) compter avec le patrimoine qui nous a été servi dès notre conception. Le bien...le mal...tout le monde n'est pas animé de bonnes intentions.<br /> C'est pas juste, mais c'est ainsi.
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B
<br /> Mon père nous voulait du bien mais peut présent; ma mère était simplement dépassée, déphasée, sur une autre planète qu'elle se fabriquait au jour le jour. Quand elle faisait un détour par<br /> la réalité c'était incompréhensible pour elle. Elle la fuyait très vite.<br /> <br /> <br />
J
Il faut tout de même avouer que la génération des parents a dégusté. La guerre leur a volé leur jeunesse, leurs illusions, leur santé... leur équilibre ?<br /> Ce n'est pas une circonstance atténuante, c'est une explication à bien des interrogations.<br /> On ne sort pas indemne de ce parcours.
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B
<br /> Je l'ai clamé haut et fort cet à-priori et, n'ai eu aucun reproche pour ma mère qui avait un comportement très extraordinaire, souvent plutôt tourné vers le mal mais je pensais et je pense toujours<br /> qu'elle était brisée, qu'elle faisait semblant de vivre et que cela, je pouvais le distinguer, de temps en temps.<br /> <br /> Ce que ces gens-là ont vécu est incroyable, inimaginable, pour l'enfant que j'étais.<br /> <br /> Puis il y a eu l'invasion de Buda et Pest, des récits d'Indochine, la guerre d'Algérie.<br /> <br /> J'avais entre 7 et douze ans à Bécon, rares étaient les appartements où il y avait la télévision.<br /> Une copine avait un poste chez elle, enfin, ses parents; j'y étais le plus souvent fourré au moment des informations.<br /> <br /> Terrifiée mais avide de nouvelles.<br /> <br /> Je voulais savoir, je voulais pouvoir disparaitre si cela devait recommencer en France.<br /> <br /> <br />

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