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28 octobre 2008 2 28 /10 /octobre /2008 00:00
Ce fut une année mouvementée.

Je quittai Berck pour le centre d l'ADAPT de Saint Cloud, Je passai trois mois à Villaz en maison de repos, je revins à Saint Cloud pour une rééducation intensive, puis quelques semaines chez mes parents avant d'intégrer un autre centre de L'ADAPT à Ouzouer des Champs, à nouveau quelques semaines chez mes parents, et départ pour la Bretagne en toute fin d'année.

Autant dire que je ne défaisais mes sacs que pour les remplir à nouveau.

Ouzouer des champs, proche de Montargis, est un centre de formation professionnelle et de rééducation.

Perdu au milieu de nulle part, dans un parc, un manoir ou le bois prédomine dans la construction et tout autour, entre autres arbres, du buis, ce bois si sévère quand il est en quantité.

La première impression, lorsque mon père m'y emmena : l'odeur de cire.
Les meubles, les parquets, tout sentait la cire. Trop !

L'ADAPT m'avait envoyé là pour passer un C.A.P de sténo-dactylo...
Je n'avais aucune  envie de devenir sténo-dactylo... Je l'avais dit, répété, rien n'y fit.



Je voulais bien faire une formation de cordonnière, d'horlogère, mais non, ces formations étaient pour les garçons. Nous, les filles et femmes, on pouvait devenir sténo, dame pipi dans un laboratoire (aide-laborantine )...

C'est dans cet endroit que je fis connaissance de Mademoiselle Martin , cette intendante aux multiples fonctions était adorable, dévouée, généreuse. C'était réellement la seule personne humaine de ce lieu.

Le docteur Lola, "patron" du centre était dans la lune, en permanence. Il avait sans doute une vie intérieure très riche, mais pour nous, ce n'était guère arrangeant. Sa femme était là  et travaillait bénévolement, un peu comme une superviseuse-hotesse-gouvernante...

Le chef-kiné, aveugle, comme beaucoup de kinés, nous faisait peur ! On ne l'entendait pas marcher, même dans l'allée de gravier, il nous interpellait, pour une chose ou une autre, nous sursautions car il arrivait sans bruit.

Ses chaussures étaient lisses sur le dessus, il ne pliait pas les pieds, aucun pli sur le dessus de ses chaussures, il marchait le pied à plat. C'était très étonnant.

La secrétaire, paraplégique, était une ancienne pensionnaire du centre... Discrète, une vraie petite souris qui ne se montrait nulle part ailleurs que dans son bureau. Je pense qu'elle y dormait, y mangeait...

L'infirmière. Ah ! l'infirmière... Une salope qui n'aurait pas déteint dans un camp de concentration.

Elle avait une "chouchoute " en dehors de cette fille, personne n'avait l'heur de lui convenir.

Elle me prit en grippe immédiatement, me faisant toutes les saloperies possibles. Elle était tellement ignoble que les plus jeunes d'entre nous préférions taire nos petits bobos plutôt que d'avoir affaire à elle.

Je ne pouvais lui échapper, toujours cette escarre...


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27 octobre 2008 1 27 /10 /octobre /2008 00:00

Sur la photo ci-dessus, Mademoiselle Martin est la deuxième à partir de la gauche.
Notre seul rayon de soleil dans cet enfer.
Je pense très souvent à vous Mademoiselle et j'ai toujours le petit chat en bois que vous m'aviez offert...

Le traitement pour mon pied était le suivant : trempette dans un mélange d'eau et de dakin (eau de javel ) pour éviter une contamination supplémentaire, selon le médecin, une pommade antiseptique ou une lotion antibiotique ou rien, puis un pansement américain et une bande.

Le plus dur à la longue fut la piqûre quotidienne.

Là aussi, selon, le médecin, le produit changeait. Toujours des antibiotiques, pénicilline...
Ce qui ne changeait  pas : la fesse ou la cuisse où s'enfonçait l'aiguille !
On ne pouvait piquer que sur le côté gauche, à droite le liquide ressortait la plus part du temps.
J'avais donc mon côté gauche tout bleu, dur, évidemment douloureux.

Le plaisir de l'infirmière était le suivant : au lieu de piquer vivement, une fois l'endroit choisi, elle enfonçait l'aiguille le plus doucement possible, ensuite, au lieu de faire pénétrer le liquide, plus ou moins épais, le plus doucement possible, elle appuyait sur le piston aussi fort qu'elle pouvait...

Ce qu'elle aimait bien aussi, lorsqu'elle terminait le pansement, était de me piquer avec l'épingle de sûreté qui maintenait la bande.

Elle avait de la ressource.

Un jour que mes parents vinrent me voir, elle les fit poireauter trois heures, sous prétexte que j'étais en soins...
Ce qui n'était pas vrai, et des soins qui duraient trois heures n'existaient pas.

Lorsque, enfin, elle vint me prévenir qu' " on m'attendait " au salon et que je sus ce qu'elle avait fait, j'entrai dans une colère telle que je cassai un carreau avec un coup de pied, le gauche, bien sûr.

Je la surpris plusieurs fois, dans son antre, l'infirmerie, en train de faire de drôles de choses comme injecter dans une araignée un produit dont j'ignorai ce qu'il était.

Elle avait des bocaux sur une étagère dont je préférai ne pas avoir su ce qu'ils contenaient...

J'en avais plus qu'assez de ces endroits où je n'avais pas ma place.
Il me fallait m'en aller avant de devenir folle.

Je commençai par mettre le bazar dans les cours.

Ma plus belle réussite : le jour où furent démoli les vieilles machines à écrire " Underwood " avec les touches cerclées de cuivre qui nous faisaient de monstrueuses ampoules.
" C'est le métier qui rentre " nous disait la prof !

Comme je ne voulais pas que ce métier rentre... Je commençai en chantonnant sur l'air de Béchet : Le marchand De Cacahuetes : Q - U - I - TT - E - R,   Q - U - I - TT - E - R , ainsi de suite.
Je chantai de plus en plus fort, continuant à taper ce mot qui me faisait rêver...

Petit à petit, les filles autour de moi, puis toute la classe, nous étions une quinzaine, chantèrent à tu-tête !

Nous tapions aussi fort que nous chantions...
Les machines rendirent l'âme suite à ce très mauvais traitement.

Bon débarras.

Ça ne suffit pas à me faire renvoyer, il eut fallu renvoyer trop de filles je pense.

Au retour d'une permission de sortie ( l'imitation militaire n'est jamais loin de ce type d'endroit à l'époque ) je fis courir le bruit que j'étais enceinte...

Là, c'était trop, on appela mes parents, les priant de venir me chercher par la peau du cou.

Je faisais mes sacs ce jour béni lorsque l'infirmière vint, non pas me saluer... 
Me faire mal, une dernière fois...
Elle y réussit, la garce.

Une de mes collègues de dortoir, portraitiste à Montmartre était atteinte d'une myopathie sévère.
Elle m'avait offert plusieurs petits personnages, des lutins, des fées, sculptés en pâte à modeler.

Je les avais rangés précieusement dans une boite à chaussure, posée à côté d'un sac.

La garce les vit, avança, mit le pied dedans, par inadvertance...

Je ne lui fis pas le plaisir de pleurer devant elle.

Je montai à l'infirmerie, sachant qu'à cette heure, elle aidait la chouchoute à faire ses devoirs et versai dans l'évier tous les bocaux aux horreurs.


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