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4 novembre 2008 2 04 /11 /novembre /2008 00:00
Enfin pas tout à fait, mais je vois le bout du tunnel, encore quelques mois quand même.

Un matin des infirmières du bloc viennent me chercher...

Le temps de faire le chemin à travers les couloirs sordides, je m'imagine toutes les catastrophes possibles.

Mais, bon signe, on me fait rouler dans une salle qui n'est pas opératoire. C'est une salle de plâtrage.

Comme on ne me dit rien, j'attends. C'est ce qu'on fait le plus à l'hôpital : attendre.

On revient me chercher, direction la radio.

Plusieurs sont faites, on ne m'informe pas de ce qui va se passer.

Retour à la salle de plâtrage.

Attente, attente, je regrette de n'avoir pas pris un livre.
L'heure du repas est passée, pas de plateau.

Bon, c'est tellement toujours pareil que je peux bien sauter un repas !

Je ne suis pas mince, je suis maigre, comme la majorité de mes compagnes qui sont là depuis des années, pour certaines d'entre elles.

La porte s'ouvre à nouveau et c'est mon chirurgien qui entre, enlevant son costume de salle d'op.
Il est suivi de quelques internes, et de deux infirmières.

Ces gens-là ne savent pas marcher tout seuls.
C'est peut-être génétique.

"Bonjour vieille branche" me dit-il ; il pense me faire plaisir à m'appeler ainsi ?

Avant même de réfléchir, je lui réponds : "salut vieux tronc"...
Un silence passe sur nos têtes, je pourrais me recevoir une claque pour irrespect, mais non, il rit et passe à autre chose.

J'ai appris, plus tard, qu'il était père d'une très nombreuse famille, alors une sortie comme celle-là ne l'émeut pas outre mesure.

Une scie électrique fait son apparition, je ne suis vraiment pas rassurée et j'ose enfin demander de quoi il retourne.

La calcification du poulain est en route et pourra se poursuivre sous plâtre, il faut que je garde les broches, car le cal est tout mou.

D'où la scie, pour couper les broches trop longues.

Un interne prépare les bandes plâtrées et le médecin entortille ma jambe de jersey, puis de bandes froides et mouillées.

Ce n'est jamais agréable un plâtre neuf, mais après ce que j'ai subi, on pourrait bien m'en faire un tous les jours !

Après quelques minutes d'attente, la scie s'approche.

Le bruit est infernal, mais très vite, elle coupe les huit morceaux à trois ou quatre centimètres du plâtre.

Je transpire, je tremble, finalement je pleure.

Une des infirmières trouve intéressant de dire: "c'est les nerfs qui lâchent".

Si mon regard pouvait l'accrocher au plafond, elle y serait....

Des bouchons de liège appliqués sur chaque extrémité de métal et voilà, une étape de franchie.

J'ai beau demander, à combien de temps il estime que la calcification sera suffisamment solide, pour que je quitte Berck et rejoigne Saint-Cloud où je ferai ma rééducation, pas de réponse.

Il se lave les mains après avoir enlevé ses gants et vlouf ! Le voilà parti suivi de ses ombres.

Cela me fait tout drôle quand on enlève toute l'armature autour de ma gouttière, je me sens fragilisée sans mon armure, toute petite.

Ma jambe repose sur le drap, elle pèse très lourd, vraiment très lourd.

De retour au dortoir, aucun repas ne m'attend, épuisée d'émotions, je m'endors.

Mon poulain se nourrira de mes rêves.
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